AFP – Olivier Falorni, militant de toujours du droit de mourir, pilote du projet de loi

Olivier Falorni, désigné rapporteur du projet de loi sur l’aide à mourir, a fait de cette « ultime liberté » un « des combats de (sa) vie ». Il va devoir convaincre ses pairs de sa capacité à maintenir l’équilibre du texte, en discussion à l’Assemblée à  partir de lundi.

 

Elu à la Chambre basse en 2012, il marque les esprits un an plus tard, en interpellant la ministre de la Santé d’alors Marisol Touraine: « La dignité est un droit, elle exige une loi, ici et maintenant », lance-t-il lors des Questions au gouvernement, évoquant le décès de sa mère et « la souffrance absolue d’un être cher qui n’en peut plus de ne pas partir ».

 

En 2021, M. Falorni dépose une proposition de loi ouvrant à une « fin de vie libre et choisie », dans le cadre de la « niche parlementaire » du groupe Libertés et territoires. Malgré un large soutien, elle ne peut être adoptée face à des milliers d’amendements déposés par Les Républicains et un temps contraint.

 

L’épisode n’a pas laissé que de bons souvenirs, y compris au groupe MoDem qui accueille M. Falorni depuis 2022. « Je m’étais abstenu. J’étais tétanisé qu’on fasse ça pendant une journée de niche parlementaire. Et puis il y avait eu une ola dans l’hémicycle, Falorni présenté comme un super héros, j’étais un peu écoeuré », se remémore un député du groupe.

 

Et au terme des travaux de la commission spéciale à l’Assemblée, une source au groupe Horizons voit en M. Falorni un « militant », qui n’est « pas forcément dans la recherche d’un équilibre consensuel » mais dans la « défense d’une cause ».

Membre du comité d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), M. Falorni assure que ses positions ont évolué au fil du temps.

 

Âgé de 52 ans, le député de Charente-Maritime raconte avoir été sensibilisé au sujet de la fin de vie alors qu’il avait à peine 18 ans, à l’occasion d’une conférence à laquelle participait le sénateur radical Henri Caillavet.

 

Rapporteur de la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse, celui-ci a proposé dès 1978 une proposition de loi « relative au droit de vivre sa mort ». Henri Caillavet « considérait que le corps des femmes leur appartenait et que notre mort nous appartient », raconte M. Falorni. L’engagement du député n’est dès lors pas « le fruit d’un drame familial ou d’un événement individuel », « c’est un engagement qui est purement rationnel, peut-être même un peu trop au départ », confie-t-il. « Je faisais de l’autodétermination de sa fin de vie presque un droit sans limite (…) J’étais trop dans l’absolu, +notre mort nous appartient+ (…) Comme elle nous appartient on doit pouvoir demader une aide à mourir quelles que soient les circonstances ».


Aujourd’hui, M. Falorni dit se battre « contre le suicide », et affirme que l’aide à mourir « doit s’inscrire dans un cadre parce qu’elle concerne aussi d’autres personnes ».


Opposante au projet de loi, la présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, Claire Fourcade, « ne croit pas une seconde que (M. Falorni) ait mis de l’eau dans son vin », même si elle lui reconnaît une certaine « finesse ».

 

L’ancien Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis perçoit, lui, une forme d' »assagissement » chez l’ancien premier fédéral de Charente-Maritime. « Il avait un petit côté fort en gueule, un peu chien fou, la ramenant sur tous les sujets. Et là il a pris de l’épaisseur, de la réflexion, il fait attention aux points de vue, il ne cherche pas à choquer. C’est le combat de la maturité », dit-il à l’AFP.

 

Membre du PS à partir de 1999 – sa première et dernière carte -, Olivier Falorni l’a quitté en 2011, quand il a choisi de ne pas s’effacer face à Ségolène Royal, candidate dans sa circonscription. Depuis 2012, il est passé du groupe des radicaux à celui du MoDem en passant par Libertés et Territoires, mais a toujours versé sa contribution de parlementaire au PRG.

 

« Il n’a jamais changé ses convictions », jure le président d’honneur de l’ADMD, Jean-Luc Romero, qui ne cache pas son »affection » et son « admiration » pour un député qui ne « lâche rien ».