France 3 – Fin de vie : « Il faut que cela soit maintenant, et en même temps ! » Olivier Falorni refuse la scission du projet de loi voulue par François Bayrou

Depuis l’annonce, ce mardi, de cette volonté du Premier Ministre de présenter le texte sur la fin de vie en deux volets, l’un pour les soins palliatifs, l’autre pour l’aide active à mourir, le rapporteur de la proposition de loi transpartisane initiale estime que c’est inacceptable.

 

Pourquoi scinder ce projet de loi est une mauvaise idée à vos yeux ?

Je le pense par conviction et par expérience. Je considère, et je ne suis pas le seul, que l’accompagnement de la fin de vie nécessite une réponse globale qui repose sur deux piliers : les soins palliatifs d’abord constituent une réponse primordiale, mais il doit y avoir un ultime recours, quand le malade n’en peut plus, face à une fin de vie douloureuse.

On ne peut pas scinder ces deux aspects d’une même réponse. C’est aussi ce que dit la convention citoyenne, il y a une articulation forte de ces deux notions.

Et c’est ce qu’a dit Emmanuel Macron ! Le président de la République a déclaré que « certains demandaient deux textes, dans les différents clergés, mais ces deux aspects sont à ne pas dissocier ».

 

Certains y voient la main des opposants à l’euthanasie ?

Oui, ce n’est pas une idée nouvelle de séparer les deux sujets, je le sais d’expérience, cette idée est portée par de très nombreux opposants. Il suffit de regarder les réactions ! Les seuls qui approuvent cette scission ne sont que des opposants. Pour moi, c’est une stratégie dilatoire : « On fait une loi sur les soins palliatifs et on voit plus tard s’il est nécessaire d’aller plus loin » Ce n’est pas acceptable, pas entendable.

Pas plus que l’argument selon lequel il faut en urgence une loi pour développer les soins palliatifs. Pour cela, il y a le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, pas besoin de construire une nouvelle loi.

 

Le Premier Ministre assure que l’examen de ces deux textes aura lieu dans la même temporalité, ça ne vous rassure pas ?

Non, je n’y crois pas. Je souhaite que cela soit maintenant et en même temps. Il y a une solution très simple, étudier le texte dans son unité, tel qu’il était. Dans la proposition de loi déposée, il était d’ailleurs possible de voter la première partie et de s’opposer à la deuxième.

 

Ce texte qui était débattu à l’Assemblée est suspendu depuis juin maintenant

On a l’impression que cette loi est victime de tentative de procrastination permanente. Quand enfin le débat démarrait, elle a été une victime collatérale de la dissolution, qui l’a stoppée en plein vol.

C’est un tour de force dans le contexte parlementaire actuel de pouvoir porter une proposition soutenue par 235 députés, bientôt 260 j’espère. Ce texte transpartisan, qui rassemble de LFI aux Républicains, accepté par Michel Barnier, que l’on ne peut pas soupçonner d’être partisan acharné de l’aide à mourir, a subi un nouveau report à cause de la censure. Je crains qu’on ne reparte dans la procrastination.

La présidente de l’Assemblée nationale est signataire aussi. Aujourd’hui, on a un texte, il est déposé, prêt à être débattu.

 

Le prochain combat, c’est aussi de trouver une nouvelle date

Il y a une opportunité mi-mars pour étudier ce texte. Je ne demande pas un engagement sur le fond du gouvernement, à part celui de donner un peu de temps législatif à ce débat.

J’entends dire que le gouvernement est contre. C’est partiellement exact, Elisabeth Borne est co-signataire, Manuel Valls est un soutien de longue date sur ce dossier, Agnès Pannier Runacher et François Rebsamen sont auteurs de plusieurs déclarations publiques favorables.

Maintenant, ça relève de l’initiative parlementaire : les présidents de groupes écologiste et socialiste n’acceptent pas la scission non plus ! Quand vous avez le soutien d’autant de députés de tous les bancs. Ce n’est pas possible de ranger ce texte au fin fond d’un placard !

François Bayrou dans son discours de prise de fonction l’a lui-même dit, c’est un sujet de société majeur. Il ne peut aujourd’hui mettre de côté ce sujet de société soutenu par huit à neuf Français sur dix.

 

Pour lire l’interview sur france3-regions.francetvinfo.fr