France Bleu – L’unité de soins palliatifs du nord de la Charente-Maritime doit-elle déménager à Rochefort ?

Depuis 2021, une unité de soins palliatifs pour le nord de la Charente-Maritime est installée au château de Marlonges, à Chambon. Situation temporaire, prévient l’ARS Nouvelle-Aquitaine qui envisage un déménagement à Rochefort. « Erreur stratégique » répond le médecin responsable du service.

 

Faut-il déménager l’unité de soins palliatifs du nord de la Charente-Maritime à Rochefort? Le sujet était vendredi 17 octobre 2025 au menu du Conseil de surveillance du Groupe hospitalier Littoral Atlantique, qui réunit les hôpitaux de La Rochelle et Rochefort. L’implantation actuelle au château de Marlonges, sur la commune de Chambon, est temporaire, prévient l’ARS Nouvelle-Aquitaine, qui envisage un déménagement au sein de l’hôpital de Rochefort de ce service dédié à la prise en charge la douleur des patients, majoritairement en fin de vie. « Erreur stratégique », lui répond le docteur Denis Del Nista, actuel chef de l’unité, dans un rapport qui conclut son étude sur le déménagement. L’ARS se donne jusqu’à la fin de l’année pour trancher.

 

L’installation à Marlonges est une dérogation. En effet, la réglementation prévoit qu’une unité de soins palliatifs soit installée à proximité d’un « plateau technique », en clair un hôpital. Mais au moment de créer ce service de 10 lits, il y a six ans, impossible de trouver des locaux. Or, Marlonges avec son service de soins de suite avait déjà tout ce qu’il faut.  100.000 euros de travaux seulement ont été nécessaires pour lancer cette unité, en 2021. Depuis, le service a su fédérer autour de lui toute une équipe, et donne aujourd’hui toute satisfaction, selon le docteur Del Nista.

 

Dans un sondage réalisé par la praticien fin septembre 2025 auprès de ses équipes, une grande partie des équipes (90% des infirmières, la moitié des aides-soignantes) quitteraient le service plutôt que de le suivre à Rochefort« Nous avons mis à peu près deux ans à nous mettre au diapason de ce qui se fait dans les autres unités de soins palliatifs, avec l’habitude de traiter les problèmes complexes, notamment la douleur complexe, décrit Denis Del Nista. Et si on ferme à Marlonges et qu’on rouvre à Rochefort, il va falloir recommencer tout ça et retrouver cette culture palliative. »

 

Selon le praticien, l’enclavement de Marlonges est largement compensé : une maison pour les familles, un très beau parc dans lequel on peut faire glisser les lits des patients, pour oublier un instant le côté hospitalier… « Les qualités dépassent les inconvénients », confirme le député Les Démocrates (apparenté Modem) Olivier Falorni, lui aussi opposé à un déménagement à brève échéance : « de nombreuses familles ont témoigné auprès de moi de l’accueil, de la qualité, de l’accompagnement à Marlonges. Effectivement, c’est loin, ce n’est pas forcément bien desservi par les transports publics, mais en revanche le cadre est tout à fait adapté à l’accompagnement des malades en fin de vie. »

 

Des arguments qu’entend le directeur départemental de l’ARS, Laurent Flament, pour qui un maintien du service à Marlonges fait partie des options sur la table. Mais pourquoi, interroge-t-il, ne pas recréer toute cette qualité à l’hôpital de Rochefort ? « Bien sûr, ce ne sera pas forcément dans les blocs de soins classiques de l’hôpital, précise Laurent Flament. On pourrait travailler sur un bâtiment annexe, plus intégré à la nature et au paysage, sans perdre la qualité de l’environnement que l’on retrouve pour une unité de soins palliatifs. »

 

Cette intégration dans l’hôpital faciliterait l’accès aux examens médicaux, souligne l’ARS. L’éloignement des plateaux techniques a permis d’apprendre la frugalité, lui répond le docteur Del Nista, qui assure que « tous ces examens ne pourront pas être réalisés à Rochefort », La Rochelle bénéficiant d’équipements introuvables ailleurs (comme un PET-Scan). Le praticien pointe donc une relocalisation très coûteuse, et plaide pour le maintien de la dérogation actuelle. « Il faut que la Sécurité sociale l’accepte, lui répond Laurent Flament de l’ARS. Car cette organisation ne rentre pas dans les principes de la tarification à l’activité. »

 

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