Le Phare de Ré – Après le séisme, c’est l’heure du bilan pour les sinistrés et les secours

Un peu plus de 48 heures après le tremblement de terre qui a secoué l’est de la Cha rente-Maritime et le sud des Deux-Sèvres, le 16 juin peu après 18h30, les ministres Christophe Béchu et Olivier Klein sont allés sur place à la rencontre des sinistrés, des secours et des élus à La Laigne. 

 

Plus de deux jours après la catastrophe, le choc et la consternation restent béants à La Laigne, petit bourg de 500 âmes durement touché par le séisme survenu à 18 h 38 vendredi 16 juin entre Niort et La Rochelle. Un tremblement de terre de magnitude de 5,3 à 5,8, l’un des plus forts que la France métropolitaine ait connu ces 50 dernières années. « J’étais à La Rochelle où je l’ai ressenti, raconte le maire, Philippe Pelletier. On m’a indiqué que la commune était touchée. J’ai pris la voiture, j’ai roulé à 160… Mais je n’ai pas trouvé la maréchaussée heureusement. Quand je suis arrivé, c’était la consternation. » Un tiers des habitations du village a été touché et évacué. Le clocher de l’église menace de s’effondrer, à deux pas de l’école, fermée. Des dizaines de maisons devront être détruites. Aucune victime n’est à déplorer.

 

« L’onde de choc, en termes d’émotion, a largement dépassé l’ouest de la France, déclare Christophe Béchu, présent sur les lieux de la catastrophe lundi 19 juin en fin de matinée. Après la dernière réplique (une dizaine de répliques ont été enregistrées la nuit suivante et au matin dont une de magnitude 5 à 4 h 27, Ndlr), c’est un tout autre sujet qui commence, celui du suivi et du relogement des familles. »

 

Confirmant la procédure accélérée de reconnaissance de catastrophe naturelle, annoncée dès samedi par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires annonce le déblocage du fonds d’aide au relogement d’urgence permettant une prise en charge pendant six mois, et à 100 %, des frais d’hébergement. Il salue « l’élan de solidarité » des habitants. « Pas une personne touchée ne s’est retrouvée sans solution. Avec Olivier Klein (ministre du Logement, présent à ses côtés, Ndlr), on a beaucoup de reconnaissance pour toutes celles et tous ceux qui depuis vendredi soir ont montré ce plus beau visage de l’humanité. »

 

« On a dormi chez mes parents ce week-end. L’assurance a réussi à nous avoir quatre nuits d’hôtel à La Rochelle. On a des amis qui devraient pouvoir nous héberger », précise au ministre un sinistré dont la maison, à peine rénovée et lézardée de toute part, devra être rasée. « Il faut revenir vers nous. Avec le président de la CdC (Jean-Pierre Servant, président de la CdC Aunis Atlantique, Ndlr), on liste les personnes à reloger (environ 200 actuellement), les solutions que l’on peut trouver à gauche à droite… », annonce Philippe Pelletier.

Sarah, elle, a trouvé refuge dans un mobil-home au camping de Courçon avec son mari et leurs deux bébés. « Pour trois semaines. Mais on ne sait rien pour l’après. Et que va-t-on faire de notre maison ? Elle est fissurée de partout et à l’intérieur c’est la guerre. Tout est tombé par terre, tout est cassé. Ça reste matériel, mais on est traumatisé. Dès qu’on entend un bruit, on sursaute », raconte cette jeune maman en essuyant ses larmes.

 

Tenant une horloge à la main, une dame qui elle aussi a tout perdu en quelques secondes, ne peut contenir sa tristesse. « Elle était sur la cheminée qui s’est fendue en deux au moment du tremblement de terre, dit-elle. On vient juste de la retrouver, l’heure bloquée au moment où tout s’est arrêté… Mais maintenant, il faut réussir à avancer. » Pour accompagner les habitants en détresse, une cellule psychologique a ouvert ses portes en mairie.

 

Missionnés par les sociétés d’assurance, les experts vont se succéder dans les rues de La Laigne ces prochains jours, ces prochaines semaines. « Si on arrive à joindre notre assurance, s’agace Claude, le boulanger du village. Je pense qu’il va falloir se déplacer à La Rochelle. Ma maison est morte, la boulangerie, elle, est classée “jaune” (endommagée mais encore accessible, Ndlr). Pour la perte d’activité, comment ça va se passer ? » La venue des ministres à La Laigne, c’est bien. « Mais on espère ne pas être oubliés dans huit jours… » Quant aux travaux de réparation, quand cela sera-t-il possible ? « Les entreprises locales sont déjà submergées de travail. Les devis et les travaux, tout ça s’annonce très long et compliqué », craint Philippe Pelletier. Ironie du sort, la semaine précédant le séisme, les élus de La Laigne mettaient le point final au plan communal de sauvegarde de la commune.

 

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