Le Phare de Ré – Plastiques : des parlementaires en quête de solutions à La Rochelle

Ils sont invisibles à l’œil nu mais omniprésents dans nos océans, nos rivières et même dans nos assiettes. Les microplastiques, fragments de moins de 5 millimètres, sont au centre des préoccupations environnementales et sanitaires. C’est autour de cette thématique que les députés Philippe Bolo (Maine-et-Loire), Olivier Falorni et Benoît Biteau (Charente-Maritime) ont rencontré, vendredi 28 mars à l’Aquarium de La Rochelle, des chercheurs spécialisés dans l’étude des plastiques et de leur impact sur les milieux aquatiques et humains.

 

Organisée par la société coopérative rochelaise TEO (Territoires environnement océan), cette rencontre avec des experts du consortium Université de La Rochelle/Lienss (laboratoire Littoral environnement et sociétés) et le laboratoire de conseil sanitaire et alimentaire Qualyse visait à enrichir la réflexion législative sur les dangers posés par les plastiques et leurs dérivés.

 

Après avoir présenté les travaux de chacun, les discussions se sont tournées vers les possibles solutions qu’elles soient politiques, scientifiques ou citoyennes. Jean-Michel Carozza, professeur en géomorphologie, rappelle : « Le meilleur plastique est celui qui n’est pas produit. Tant qu’on ne réduira pas notre consommation à la source, nous resterons dans un cercle vicieux. »

 

Même si des choses ont été réalisées dans la collecte et l’étude des plastiques grâce notamment au réseau des bacs à marée (plusieurs mis en place sur l’île de Ré), le chemin est encore long. Les scientifiques et les députés présents s’accordent sur un point : la nécessité d’une réglementation plus stricte sur la gestion et la réutilisation de ces déchets.

 

Pour Benoît Biteau, la responsabilité ne doit pas reposer uniquement sur les consommateurs. « Tout le monde n’a pas les moyens de réduire sa consommation de plastique. C’est aussi aux élus d’agir, en mettant en place des mesures incitatives et contraignantes pour réduire la production à la source. » Philippe Bolo insiste sur l’importance d’une régulation à l’échelle internationale. « Il faut des décisions mondiales, cela ne peut passer que par la France. »

 

Philippe Bolo, qui a présenté ses travaux menés avec l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), note que la production massive de plastique est avant tout une question de commodité. « S’il y a autant de plastique aujourd’hui, c’est parce que c’est confortable. Plus besoin d’acheter frais et de cuisiner immédiatement, le plastique permet de conserver », souligne-t-il.

 

Le recyclage des plastiques apparaît comme une solution, mais il présente aussi des limites, notamment pour ceux ayant séjourné en milieu aquatique. Vieillis par l’exposition au soleil, au sel et aux courants, ils peuvent contenir et relâcher des polluants lorsqu’ils sont réintégrés dans l’économie circulaire.

 

Fabrice Faurre, fondateur de Teo, illustre ce paradoxe. « Prenons l’exemple d’un pavé en plastique recyclé. Avec le temps, sous l’effet du soleil et du ruissellement, il libérera des microplastiques et des polluants dans l’environnement. Ce n’est pas une solution viable. » Le sujet des bancs en plastique recyclé a été abordé lors de la discussion. « On ne peut pas prendre du plastique récupéré en mer pour fabriquer des bancs destinés à être installés sur les plages, car des polluants finiront inévitablement par retourner dans la mer. »

 

« Ce n’est pas le but du recyclage, précise Philippe Bolo. C’est une logique économique, certaines entreprises se tournent vers ce genre de produits en raison des enjeux financiers, mais à quel coût pour l’environnement… » Les débats ont mis en lumière la nécessité d’un encadrement strict de l’usage des plastiques recyclés issus des océans.

 

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