Le Phare de Ré – « Plus d’Ehpad public sur l’île, nous ne l’accepterons pas »

À l’entrée de l’Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Saint-Martin-de-Ré, plusieurs familles de résidents affichent une mine grave ce lundi 13 novembre. « J’ai découvert dans le journal qu’une partie allait fermer. On s’inquiète, on n’a aucune information », confie une dame. « J’ai téléphoné deux fois pour en savoir davantage, sans aucune réponse », ajoute une autre. « Que vont-ils faire des résidents actuels, qui vont devoir partir ? », s’interroge une troisième. Toutes sont venues à cette journée de mobilisation pour en savoir plus.

 

La fermeture définitive de 34 lits au 1er janvier, faisant passer de 160 à 100 (+ deux “tampons”) leur nombre en quelques mois, pourrait pourtant avoir un impact relatif au vu du taux de remplissage plutôt faible. Ce qui n’est pas le cas de la fermeture annoncée des 24 lits de l’unité protégée (UP) Alzheimer. « Je n’ai vu la directrice qu’aujourd’hui, bien après avoir été mise au courant par la presse. Elle m’a dit qu’il n’y a pas de date de fermeture de prévue. Mais ça confirme qu’elle aura bien lieu à un moment », se désole la femme d’un résident de cette UP. « Il paraît qu’il va falloir l’envoyer à Saujon : il faut y aller là-bas, on pourra moins la visiter. D’autant que conduire à notre âge… », confient également les trois sœurs rétaises d’une autre résidente.

 

« Parfois quand on fait du bruit, on est entendu. On n’a pas d’autre choix que de se battre », annonce quelques minutes plus tard, incisif, le maire martinais Patrice Déchelette. Devant près de 200 élus et habitants, Lionel Quillet dit avoir été « manipulé », déplorant le contact coupé par la direction, l’absence de retour à ses propositions (réserver des logements au personnel, devenir locataire…). « Je n’ai eu aucune réponse des autorités de tutelle : ni du ministre, ni du Département sur une convention d’insularité pour jouer sur les tarifs », pique également le président de la communauté de communes (CdC). Soulignant que 4 500 Rétais auront plus de 75 ans en 2024, il appelle de nouveau à une table ronde « pour gagner un moratoire » sur la fermeture.

 

« Le Département n’a pas été silencieux », se défend la conseillère départementale Véronique Richez-Lerouge, qui assure en aparté que la collectivité n’est « pas décisionnaire » et ne peut s’opposer aux fermetures. Elle soutient la proposition de table ronde, évoque une lettre écrite conjointement par le vice-président Jean-Claude Godineau et un responsable de l’Agence régionale de santé au ministre et une pétition lancée en ligne (sur la plateforme www.change.org). « On est 1 150 à l’avoir signée, il faut qu’on soit 20 000 pour peser. » Pas de quoi convaincre Lionel Quillet, qui maintient que le Département a le pouvoir d’agir.

 

Mettant de côté les clivages politiques, Olivier Falorni évoque ensuite le « front » commun des élus contre la fermeture. « On n’a pas le droit de traiter des êtres humains comme des lignes comptables », dénonce le député, qui dit par ailleurs ne pas comprendre comment la fermeture de lits pourrait permettre d’enrayer le déficit (un avis qu’avait partagé juste avant Lionel Quillet). « Surtout que ça fait trois mois qu’on ne reçoit pas les factures et qu’on ne peut donc pas payer », s’exclament plusieurs familles. Olivier Falorni, qui devait en parler au ministre de la Santé ce mardi 14 novembre, estime d’ailleurs qu’une structure « qui n’est pas pilotée » est une structure « que l’on veut condamner ». Comme beaucoup, il craint la fermeture, à terme, de l’ensemble du site. « Il n’est pas question que le seul Ehpad public de l’île ferme. Nous ne l’accepterons pas », tonne-t-il, faisant écho à Véronique Richez-Lerouge qui rappelait que les tarifs ne sont pas les mêmes dans le privé.

 

« Aidez-nous, le personnel aussi souffre de la situation », appelle Vincent Tranquard, secrétaire départemental de la CGT Santé, à l’initiative de la journée de mobilisation. Il dénonce l’absence de budget propre à l’Ehpad depuis son absorption par le groupe hospitalier, qualifié d’« ogre » qui « se gave » sur son dos. La direction ne lui a pas répondu, aucun de ses responsables ne s’étant présenté pour faire face aux Rétais mobilisés.

 

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