Le Phare de Ré – Saint-Clément-des-Baleines. Cent trois bougies pour Agnès Thiburce
Ce n’est pas parce que son anniversaire tombe juste avant Noël qu’on ne le fête pas, surtout lorsqu’on est centenaire. Agnès Thiburce a donc reçu chez elle, près du phare, la visite de Lina Besnier, maire de la commune, et d’Olivier Falorni, député, qui lui ont remis un petit cadeau. Lorsqu’Agnès naît en 1921, à La Rochelle, les hommes politiques s’appellent Clemenceau, Poincaré ou Mitterand : une autre époque.
C’est avec plaisir qu’Agnès Thiburce reçoit son cadeau mais elle aurait préféré « de nouveaux genoux », s’amuse-t-elle. On parle de l’actualité, de la politique mais si la doyenne suit beaucoup les chaînes d’information, elle le dit sans ambages, le nom des premiers ministres, elle « s’en fout ». « La télé, c’est une compagnie, ça donne l’impression qu’il y a quelqu’un, » souligne celle qui continue à faire des mots croisés car « c’est bon pour la mémoire ».
Arriver à 103 ans, elle n’y aurait jamais pensé et ce n’est pas sans douleur. Agnès Thiburce a perdu son mari, ses trois enfants. Cela fait 76 ans qu’Agnès habite près du phare mais elle n’y est montée que deux fois. « Ce n’est pas beaucoup mais c’est bien assez », sourit-elle. C’est qu’Agnès a toujours travaillé : « Avec trois drôles, un commerce et la mémé. » Elle pouffe quand on lui parle des 35 heures. « Le siècle a changé, ajoute-t-elle, mais j’ai connu une belle France. »
Avec Kleber, son mari, ils ont tenu un commerce au phare à partir des années 1950 : café-restaurant, crêpes, bureau de tabac, souvenirs. La doyenne garde une certaine nostalgie de cette époque. « On blaguait, on racontait des histoires au marché, sur le bac, on avait de l’amitié les uns pour les autres. Maintenant, on ne se côtoie plus », décrit-elle.
Notre doyenne, adolescente du siècle passé, n’a pas la langue dans sa poche. Elle s’inquiète : « Ne répétez pas tout ce que je vous dis ! J’ai de la goule mais quand même. » Elle s’insurge aussi contre le monde d’aujourd’hui. « Ça me révolutionne », dit-elle. L’entretien touche à sa fin et on prend rendez-vous pour les 104 ans l’année prochaine. Promis Madame Thiburce.
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