Le Point – Tribune cosignée avec Bernard Cazeneuve : « L’alliance avec LFI est un déshonneur politique et une faute morale »
L’effroi qui nous saisit, face aux images qui nous parviennent des territoires libérés par l’armée israélienne, est absolu. Ces cadavres de civils – hommes, femmes, enfants, bébés – exterminés, brûlés vifs, sont les témoins martyrisés d’une inhumanité sanguinaire. Ils ont été massacrés parce que juifs, et pour cette raison seulement. Le Hamas s’est rendu coupable de crimes contre l’humanité. Nous sommes du côté de ces victimes israéliennes et avec leurs proches et leurs compatriotes, nous les pleurons douloureusement.
Que le Hamas dépose les armes sans délai, sans condition. Le Hamas est une organisation terroriste, animée par une faction idéologique brutale et violente, qui s’abreuve d’islamisme radical. Toute organisation qui puise à la source du terrorisme est, par essence, dépourvue de légitimité, et aucun dialogue avec elle n’est envisageable.
Dès lors, comment oser prétendre que les centaines d’Israéliens massacrés par le Hamas seraient de simples « victimes collatérales » d’un combat légitime, exacerbé par le désespoir ou la colère ? Qui peut, sans un abject cynisme, renvoyer dos à dos les bourreaux et les victimes, au motif que leurs gouvernants auraient failli, ou parce que ces morts, aujourd’hui, viendraient s’ajouter à ceux, déjà si nombreux, hier ? Il n’existe pas de gradation dans l’indicible. Le terrorisme n’est jamais justifiable, ni juste. Le terrorisme n’est qu’insoutenable barbarie.
La guerre ne peut pas être un terrain de jeu tactique, où se dénouent les joutes politiques intérieures. L’indignité de ceux qui, prétendant équilibrer les points de vue, émoussent la vérité, est désormais établie. Elle doit être mise en lumière, notamment parmi ceux qui, à gauche, ont encore le sens des responsabilités et au cœur l’universalisme du discours que les peuples du monde ont appris à aimer de la France. Quand les terroristes islamistes massacrent, leurs crimes doivent être dénoncés pour ce qu’ils sont. L’alliance avec LFI est, dans ce contexte, un déshonneur politique et une faute morale, dont nous avons depuis l’origine dénoncé le danger. La gauche ne pourra jamais retrouver le pouvoir sans redevenir ce qu’elle fut dans le temps long de son histoire : une aspiration irrépressible à la vérité, porteuse d’une éthique de la responsabilité et d’un humanisme dont la portée doit demeurer universelle.
Nous ne méconnaissons pas combien la question de la coexistence israélo-palestinienne est un sujet complexe et sensible. Nous avons toujours participé aux combats de la gauche pour qu’une solution juste et durable soit trouvée au conflit meurtrier qui embrase cette région depuis des décennies. Nous avons condamné les renoncements successifs, l’aveuglement ou le déni qui ont été ceux de la communauté internationale dans la recherche d’une solution qui permette à deux peuples de vivre ensemble, et à deux États de cohabiter dans la paix et la sécurité. Nous savons aussi, pour tant les redouter aujourd’hui, les risques de l’escalade et d’un embrasement généralisé qui n’ajouterait que du malheur au malheur.
Nous sommes à la fois l’ami du peuple israélien et du peuple palestinien. Un chemin de paix existe, notre rôle est de le redire. C’est un chemin à la fois raisonnable et de raison même s’il peut, s’il doit, impliquer des concessions inconfortables pour chaque partie : deux États souverains et démocratiques, vivant côte à côte en paix et en sécurité, sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale. Nous en connaissons les conditions : l’arrêt de la colonisation illégale, le respect du droit international, le renoncement au terrorisme, la condamnation des appels à la destruction d’Israël. L’intransigeance, la défiance, l’exaltation de la violence, le renoncement ou le déni seront des obstacles. Nous serons intransigeants avec les chefs autoproclamés d’organisations terroristes qui demeureront prêts, à tout moment, à surgir de l’ombre pour tuer les porteurs de paix.
La paix n’est pas un sujet d’amateur. C’est un chemin ardu, sinueux, terrifiant même. Lorsque les armes se tairont, car elles finiront par se taire, il faudra à nouveau des partenaires pour réussir la paix au Proche-Orient. Il faudra les forces les plus humanistes de la communauté internationale pour les entourer et, s’il le faut, les canaliser pour dire aussi aux puissances qui soutiennent et financent le chaos depuis l’ombre, que nous savons et que nous n’acceptons pas.
Mais dans ce moment d’effroi, où les atrocités continuent d’être perpétrées et où un peuple fait douloureusement son deuil, nous ne devrons pas nous résigner à la souffrance sans fin des innocents. Il n’y a qu’une gauche. Celle qui porte nos valeurs. Le reste n’est que trahison de nos héritages et de nos espérances de paix pour l’humanité.
Signataires
Bernard Cazeneuve
Guillaume Lacroix, président du PRG
Nicole Bonnefoy, sénatrice PS de la Charente
Hussein Bourgi, sénateur PS de l’Hérault
Maryse Carrère, sénatrice des Hautes-Pyrénées, présidente du groupe RDSE
Corinne Féret, sénatrice PS du Calvados
André Guiol, sénateur RDSE du Var
Sébastien Pla, sénateur PS de l’Aude
Jean-Yves Roux, sénateur RDSE des Alpes-de-Haute-Provence
Michaël Weber, sénateur PS de Moselle
Christian Bihac, sénateur RDSE de l’Hérault
Viviane Artigalas, sénatrice PS des Hautes-Pyrénées
Martine Frogier (Ariège)
Jean-Louis Bricout (Aisne)
Olivier Falorni (Charente-Maritime)
David Habib (Pyrénées-Atlantiques)
Laurent Panifous (Ariège)
Bertrand Petit (Pas-de-Calais)
Benjamin St Huil (Nord)
David Taupiac (Gers)
Benoît Bordat (Côte-d’Or)
Cécile Rilhac (Val-d’Oise)
Cécile Untermaier (Saône-et-Loire)
Lionel Causse (Landes)
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