Sud ouest – Démission de Sébastien Lecornu : « On est sidérés », « Tout sauf la dissolution », « Il nous faut un gaulliste de gauche »… les réactions en Charente-Maritime
Ce lundi 6 octobre, les élus du département s’expriment sur la chute du gouvernement à peine nommé.
Fabrice Barusseau, député PS de la troisième circonscription
« On est sidérés. Face à autant d’irresponsabilité de la droite, je suis affligé. Les mêmes qui nous gouvernent depuis des années, les Macron, Le Maire, Retailleau qui nous donnent des leçons de responsabilité sont en dessous de tout. Quelle image donne-t-on à nos concitoyens ? Ils n’ont même plus besoin d’opposition pour se saborder. Tous les jours, je rencontre des gens qui nous attendent, et on est aux abonnés absents. Si on a encore un rôle à jouer, j’espère qu’on pourra le faire en étant, nous, responsables. Une dissolution ? Très franchement, je ne vois pas ce que ça apporterait dans le capharnaüm actuel. Cela ne va pas donner envie à nos concitoyens. Pour répondre aux attentes, je préférerais que l’on donne enfin la main à ceux qui sont le plus responsables, le bloc de gauche, qui est arrivé en tête aux dernières élections. »
Olivier Falorni, député Les Démocrates de la première circonscription
« On connaît aujourd’hui les inconvénients de la IVe République – des partis dans une logique de boutiquiers – et de la Ve – l’obsession présidentielle. Tout ça est un triste cirque, une course de petits chevaux qui va amener tout le monde à l’écurie et le Rassemblement national à l’Élysée. Il y a de quoi être écœuré. Mais écœuré ne signifie pas résigné. J’en appelle solennellement à Emmanuel Macron : il faut qu’il comprenne que le pouvoir ne peut rester entre les mains de son premier cercle. Il doit nommer un homme ou une femme qui n’est pas obsédé(e) par l’élection présidentielle, qui n’est pas chef de parti, qui vienne de la gauche mais qui parle aussi au centre et à la droite. Quitte à radoter ou à être constant (c’est comme on voudra), le Président doit nommer un homme comme Bernard Cazeneuve, respecté à gauche et à droite. L’heure est gaullienne, il nous faut aujourd’hui un gaulliste de gauche. »
Pascal Markowsky, député RN de la quatrième circonscription
« Il n’y a pas vraiment de surprise, si ce n’est la rapidité de cette démission. Vu la composition du gouvernement, ça ne pouvait pas tenir très longtemps. Le pays se trouve dans l’impasse. Il faudra sans doute retourner aux urnes très rapidement, soit au travers d’une dissolution, soit d’une démission du président de la République. »
Jean-François Fountaine, président divers gauche de la Communauté d’agglomération de La Rochelle
« Je suis atterré par le manque d’esprit d’État de nos grands partis nationaux et je mets dos à dos le Parti socialiste et les Républicains ! C’est là que ça se joue pour un accord avec le bloc central macroniste… Or, le PS est coupé en deux sur ce qu’il faut faire, les Républicains ne sont pas d’accord entre eux non plus et chacun défend son pré carré en pensant à l’élection présidentielle. C’est regrettable pour la France ! On manque clairement d’hommes et de femmes d’État. Dans ce désastre, heureusement qu’il y a les collectivités locales, les communes et intercommunalités, qui restent des pôles de stabilité. Mais à l’Agglo de La Rochelle, on attend d’avoir un interlocuteur à Paris pour faire avancer le dossier de nouvel hôpital et cette démission vient encore compliquer les choses. »
Mickaël Vallet, sénateur PS de Charente-Maritime
« Depuis août et nos propositions budgétaires claires, nous martelons qu’aucun camp n’aura raison seul contre les autres et que le président doit permettre au Parlement de débattre de ces propositions. Nous avons dit que nous étions prêts à gouverner dans un esprit de responsabilité. Au lieu de cela, le président s’est entêté à reconduire encore et toujours les mêmes. L’enjeu maintenant, c’est la stabilité du pays dans la justice sociale. Au président de savoir s’il veut prendre le risque du vrai débat parlementaire en cessant de nommer des premiers ministres macronistes ou du renforcement de l’extrême droite. »
Benoît Biteau, député Vert de la deuxième circonscription
« À vouloir s’entêter à ne pas respecter ce qu’ont exprimé les Français en juillet 2024 et à persister avec les Barnier, Bayrou et Lecornu, aux mêmes causes, les mêmes effets : on a un gouvernement qui n’est pas opérationnel. Maintenant, il faut faire confiance à un homme ou à une femme d’État qui soit capable de gouverner en s’adressant aux forces de gauche et du centre pour faire obstacle à l’hypothèse de la montée du Rassemblement national. La solution, c’est tout sauf une dissolution. On a trois blocs à l’Assemblée : deux élus sur la base de la France républicaine contre le RN. Il faut inverser ce qui s’est passé la semaine dernière où l’on a fait entrer le RN au bureau de l’Assemblée nationale et à la vice-présidence de commissions thématiques ; les deux blocs de gauche et du centre doivent affirmer ensemble leur volonté de faire barrage au RN. »
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