Sud-Ouest – Fin de vie : « Aucune opposition entre soins palliatifs et aide active à mourir », soutient Olivier Falorni

Ardent défenseur de l’aide active à mourir, le député de Charente-Maritime Olivier Falorni confie son soulagement après les annonces d’Emmanuel Macron. Selon lui, ce texte permettra de mettre fin aux dérives actuelles : celles des euthanasies clandestines et des morts programmées à l’étranger.

 

Le projet de loi ouvrant la porte à l’aide active à mourir arrivera à l’Assemblée en mai. Pour vous qui êtes l’un des défenseurs de ce texte, c’est un soulagement ?

 

C’est clairement une satisfaction. Je me retrouve dans la réflexion du président de la République sur le nécessaire développement des soins palliatifs et cette ouverture à l’aide active à mourir.

Toutefois, si nous avons maintenant un calendrier législatif, c’est tout sauf un aboutissement. C’est un point de départ pour faire en sorte que de ce débat émerge une grande loi.

 

Ce projet de loi se veut restrictif : il faudra être majeur, capable de discernement et atteint d’une maladie incurable avec un pronostic vital engagé à court ou moyen terme et des souffrances réfractaires. Ce sera suffisant pour éviter les dérives ?

 

Dans la proposition de loi que j’avais défendue en 2021, j’avais aussi défini des critères très restrictifs. Cette ultime liberté qu’est l’aide active à mourir ne peut être accessible que dans un cadre législatif défini.

Les dérives, c’est aujourd’hui que les malades, dont la vie n’est plus qu’une agonie, les vivent en n’ayant le choix qu’entre des euthanasies clandestines ou l’exil et la mort à l’étranger. La loi va encadrer et rassurer.

 
Les mineurs seront exclus de ce dispositif…
 

La majorité détermine une étape du consentement. Sur ce sujet de la fin de vie, il faut rappeler qu’on ne parle pas de vieillesse, mais de maladie. Celles et ceux qui sont concernés vont mourir et ils ont tous les âges. Vincent Lambert n’était pas vieux. Il est très délicat d’aborder cette demande pour les mineurs, c’est pourquoi les soins pédiatriques devront fortement se développer pour une prise en compte encore meilleure de la souffrance de tous ces enfants qui sont confrontés à des situations de fin de vie.

 

Quinze organisations de soignants – dont la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs – ont exprimé leur colère sur les orientations de ce texte. Les comprenez-vous ?

 

Rappelons qu’il n’y a pas une opposition des soignants mais d’une partie des soignants. Je rencontre beaucoup de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants qui sont tout à fait favorables à cette évolution. Ils sont conscients des insuffisances de la loi actuelle.

 

Mais, je le rappelle, il n’y a aucune opposition entre le développement des soins palliatifs et l’aide active à mourir. Celle-ci n’intervient qu’en ultime recours quand les soins palliatifs se heurtent à des douleurs réfractaires. Les soins palliatifs sont la réponse primordiale à l’accompagnement de la fin de vie.

 

Justement, ce texte doit s’accompagner d’un milliard d’euros supplémentaire pour le développement des soins palliatifs. Or, pour les opposants à l’aide active à mourir, c’est insuffisant…

 

Quand on veut dire qu’il n’y a pas d’avancée, on prétend qu’il n’y a pas assez de moyens. Ce milliard va permettre de faire des soins palliatifs un domaine d’excellence. Les soins palliatifs ne visent pas à guérir mais à soigner les corps et les âmes. Et quand, à un moment, certains malades ne supportent plus ces agonies, il faut leur permettre de partir sans douleur.

 

Emmanuel Macron estime que ce projet de loi ne débouchera pas sur un nouveau droit. C’est d’abord une précaution oratoire ?

 

Dans la mesure où cette possibilité sera permise par la loi, on peut la considérer comme un droit. Mais celui-ci sera conditionné. Ce sera un droit qui associe l’autonomie de la personne et la solidarité collective. J’insiste, chacun doit pouvoir mourir dans sa dignité et cette possibilité ne retire aucun droit à quiconque. En outre, ce droit respecte la liberté de conscience, en particulier celle des soignants, qui auront la clause de conscience.

 

L’Église a également exprimé son mécontentement face à aux arbitrages d’Emmanuel Macron. Peut-on concilier la foi et une telle évolution de la société ?

 

Ce débat, je vais le mener avec le souci du respect, de la nuance et de la responsabilité. Cette grande loi de société interroge nos valeurs, la liberté, l’égalité mais aussi la laïcité. Les cultes ont toute leur place, mais en aucun cas la foi ne doit faire la loi. J’ai des convictions mais, en la matière, je n’ai qu’une seule certitude : les Français, qu’ils soient croyants ou pas, jugeront très sévèrement ceux qui se laisseront aller à la caricature, à l’outrance ou au mensonge. Ce débat est arrivé à maturité et il ne saurait être une affaire de posture politicienne.