Sud Ouest – Fin de vie : « Les convictions personnelles de François Bayrou ne sont pas le sujet », grince Olivier Falorni
Le député de Charente-Maritime, fervent défenseur de l’aide active à mourir, s’oppose à la décision de François Bayrou de scinder en deux le projet de loi sur la fin de vie. Il doit rencontrer le Premier ministre ce mercredi.
En annonçant vouloir séparer le projet de loi sur la fin de vie en deux textes distincts, avec d’un côté les soins palliatifs et de l’autre l’aide active à mourir, François Bayrou a provoqué de multiples fissures au sein de l’Assemblée nationale. Et a vu se dresser devant lui les partisans de l’aide active à mourir. À commencer par le premier d’entre eux, Olivier Falorni, le député du groupe Les Démocrates de Charente-Maritime et ancien rapporteur de ce texte élaboré l’an dernier et emporté par la dissolution.
Alors qu’il doit rencontrer le Premier ministre, ce mercredi 29 janvier à Matignon, il s’est présenté, ce mardi après-midi, dans la salle des Quatre Colonnes du Palais-Bourbon pour le mettre en garde contre une telle scission. Preuve que cette initiative indispose, Olivier Falorni était accompagné de neuf autres députés issus des groupes Renaissance, Les Républicains, MoDem, socialiste, communiste, LFI, écologiste, Liot et Horizons. Tous représentants les 240 députés – sur 577 – ayant signé sa proposition de loi reprenant l’intégralité du texte précédent sur la fin de vie et en attente d’être de nouveau examinée.
« Notre message se résume à deux phrases, attaque-t-il. Ce que nous voulons, c’est l’examen du texte, maintenant et en même temps. Ce que nous ne voulons pas, c’est l’examen du texte séparément et dans longtemps. » Et de poursuivre : « On considère que la scission en deux textes est un véritable risque de diversion pour masquer une volonté d’abandon. Nous ne voulons pas de stratégie dilatoire consistant à reporter aux calendes grecques l’examen de ce texte. »
Dans la ligne de mire de ces députés se trouve donc François Bayrou. Or, ce dernier réfute tout stratagème pour enterrer le texte : « Deux sujets seront examinés et il faut pouvoir voter différemment si on en a envie », a-t-il expliqué, lundi soir, sur LCI. Il l’a assuré : « Je suis absolument décidé à ce que les deux questions puissent être examinées par le Parlement. Les soins palliatifs, pour moi, ça n’est pas un droit, c’est un devoir, imprescriptible. » En revanche sur l’aide active à mourir, son propos est d’une autre nature : « Le deuxième texte suscite des débats de conscience extrêmement forts : faut-il l’euthanasie ou le suicide assisté ? Notre société doit-elle l’organiser ? C’est un débat de conscience. On touche là à la vie et au sens de la vie. »
En creux, si les réticences du Premier ministre à l’égard de l’aide active à mourir émergent, c’est surtout l’absence d’un calendrier clair qui inquiète Olivier Falorni : « Les convictions personnelles de François Bayrou ne sont pas le sujet, assure-t-il. Mais l’annonce de scinder le texte en deux n’a été saluée que par les opposants à l’aide active à mourir. » Surtout, Olivier Falorni, qui veut faire de ce texte un moyen de lutter contre les euthanasies clandestines, le rappelle : « Ce texte est conforme aux travaux de la Convention citoyenne. Elle l’a dit : on ne peut pas le séparer en deux avec, d’un côté, les soins palliatifs, et de l’autre, l’aide active à mourir. C’était aussi le message du président de la République. »
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