Sud Ouest – Olivier Falorni : « Sur la fin de vie, une majorité est possible »

Le député rochelais a déposé une proposition de loi, qui vient d’être jugée recevable, pour relancer à l’Assemblée l’examen du texte sur l’aide à mourir.

 

Entamé fin mai, l’examen de la loi sur la fin de vie, qui devait légaliser l’aide à mourir, a été foudroyé le 9 juin par la dissolution. La discussion devait s’achever le 18 juin. Très investi dans ce dossier, le député de Charente-Maritime Olivier Falorni (apparenté MoDem) a déposé cet été une proposition reprenant le contenu du projet interrompu. Elle vient d’être jugée recevable.

 

Pourquoi avez-vous déposé cette proposition de loi ?

D’abord parce que ce texte est attendu, et nécessaire, comme l’a rappelé récemment la mort de Loïc Résibois, défenseur de l’aide à mourir. Ensuite parce que je suis convaincu qu’une majorité assez conséquente est possible autour de cette loi. Si on ajoute les députés de gauche, très largement favorables à ce texte, et les divers gauche, on obtient déjà un ensemble de 200 députés. Ma proposition a été cosignée à ce stade par 180 collègues issus de neuf groupes, de LFI à LR.

Même si les soutiens sont moins nombreux à droite, cette initiative est réellement transpartisane. Elle trouvera des appuis jusqu’au RN, où Marine Le Pen n’avait pas, au printemps, imposé de consigne de vote.

 

En quoi consiste votre proposition de loi ?

J’ai repris à la virgule près le texte voté en juin par les députés, et tous les amendements adoptés, y compris ceux avec lesquels je ne suis pas d’accord. Je voulais être fidèle au travail parlementaire accompli.

 

Où en était l’examen du texte ?

Nous avions voté les articles qu’on peut considérer comme fondamentaux, sur les soins palliatifs et les conditions d’accès à l’aide à mourir. Il restait à examiner les modalités d’application.

 

Que savez-vous de la position du Premier ministre ?

Il ne l’a pas, à ce stade, explicitée. Je le pressens frileux, d’autant que son gouvernement est divisé sur ce sujet, comme sur tant d’autres. Il compte de farouches opposants à la loi, comme Bruno Retailleau, Annie Genevard, Patrick Hetzel et des défenseurs comme Agnès Pannier-Runacher, Marc Ferracci… De toute façon, l’Assemblée peut elle-même organiser l’examen de la proposition de loi. L’exécutif a la main sur une grande partie de l’ordre du jour parlementaire, heureusement pas sur l’intégralité. Une semaine par mois, c’est l’Assemblée et la conférence des présidents qui fixent cet ordre du jour. L’examen pourrait avoir lieu dans ce cadre, d’autant que Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, soutient fortement cette démarche. L’Assemblée a l’occasion de montrer sa capacité à porter des réformes majeures, alors qu’on dit beaucoup que, morcelée, elle ne peut plus agir : ce texte peut être un antidote au blocage. On l’a oublié, mais la loi Claeys-Leonetti de 2016 sur la sédation profonde était au départ une proposition de loi.

 

Comment expliquez-vous qu’en décidant de dissoudre, Emmanuel Macron n’ait pas davantage tenu compte de l’examen de cette loi, pourtant présentée comme la grande loi sociétale de son mandat ?

Je ne vois pas de rationalité dans cette dissolution. Emmanuel Macron aurait pu inscrire une grande réforme sociétale à son actif, au lieu de quoi il a désormais cette dissolution à son passif.

 

Pour lire l’interview sur sudouest.fr