Sud Ouest – Nouveau Premier ministre : pour Falorni, Macron « serait bien inspiré d’appeler Bernard Cazeneuve »

Le député – sans étiquette – de La Rochelle, qui siège avec le MoDem à l’Assemblée, plaide pour que l’ancien Premier ministre de François Hollande soit nommé à Matignon. 

 

Bientôt six semaines après le second tour des législatives, Emmanuel Macron n’a toujours pas nommé de Premier ministre. Que pensez-vous de ces consultations qui s’éternisent ?

C’est une étape obligée, indispensable. Le rôle institutionnel du président est de s’assurer, autant que possible, que le prochain Premier ministre ne tombe pas dès les premiers jours. Il n’y a pas de majorité et il n’y en aura pas. Le résultat des législatives de juillet est clair : personne n’a gagné, c’est l’inverse de l’école des fans. Le message qui a été envoyé, c’est de nous entendre.

 

Dans cette configuration d’une Assemblée sans majorité qui vous semble le mieux placé pour Matignon ?

Plus les consultations se multiplient, plus le portrait-robot du Premier ministre s’affine et, pour moi, il ressemble à Bernard Cazeneuve. Des évidences s’imposent. La fonction de Premier ministre est la plus difficile et la plus exigeante de la République. De surcroît, dans ce contexte parlementaire si particulier. Dès lors, il est indispensable de nommer une personnalité qui a l’expérience de l’État, du gouvernement et de la vie parlementaire. Il faut aussi une personnalité en capacité de rassembler ou, au moins, d’être largement respectée. Bernard Cazeneuve est un homme de gauche, reconnu par la gauche de gouvernement et par une partie de la droite.

 

Lucie Castets, la candidate du NFP, ne peut donc pas exercer la fonction de Première ministre ?

Je l’ai dit : la fonction de Premier ministre est la plus difficile de la République. Je n’ai rien contre Madame Castets, mais elle n’a jamais eu de mandat électif, elle n’a jamais été membre d’un gouvernement. Il faut confier le sort de la France à quelqu’un qui a de l’expérience.

 

Jean-Luc Mélenchon avait pourtant ouvert la voie à un gouvernement du NFP sans ministre de LFI

Jean-Luc Mélenchon est un très mauvais stratège, en revanche, il sait faire des coups politiques. Mais le soutien sans participation, on a déjà connu ça en 1936. Et, à l’époque, l’objectif des communistes restait la révolution. En outre, leur soutien sans participation au gouvernement Blum a permis aussi de définir la notion de social traître… Or, l’électorat de gauche n’attend pas le chaos. Cette proposition de Jean-Luc Mélenchon est une solution de repli, pour se laver les mains de décisions difficiles. Jordan Bardella, pour le RN, n’avait pas fait autre chose en annonçant qu’il ne gouvernerait pas s’il n’avait pas la majorité absolue. Mélenchon, Bardella et Wauquiez ne veulent pas le pouvoir, leur objectif reste la présidentielle.

 

Bernard Cazeneuve Premier ministre, cette perspective ne garantit pas non plus une majorité pour gouverner ?

Il serait incompréhensible qu’il soit censuré par les socialistes. Bernard Cazeneuve est un homme libre et désintéressé, il ne demande rien. Il m’a soutenu lors des législatives, mais je ne suis pas son porte-parole. Il n’est pas dans une démarche personnelle. Il est au barycentre de l’équilibre qui peut être trouvé. Emmanuel Macron serait bien inspiré de l’appeler.

 

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